C'est en 1859, que M. Adolphe WALLET, maire
de PHILIPPEVILLE et M. de TOULGOËT, préfet de Constantine agissant
sur l'ordre du Prince Jérôme NAPOLÉON, Ministre de l'Algérie
et des Colonies, fondèrent le Musée. Il fut installé dans le
Théâtre Romain, autour d'une baraque en planches plantée à l'emplacement
de la scène.
Lorsque ce hangar devint irréparable, la
Ville reçut les collections dans le rez-de-chaussée de l'ancien
Hôtel de Ville.
Malheureusement, l'employé communal chargé d'effectuer le déménagement
, était plus cantonnier qu'archéologue, et, estimant que "tous
ces vieux débris étaient bons à empierrer les rues"
fit effectivement détruire une grande quantité d'inscriptions
et de vestiges romains.
La plupart de ces inscriptions avaient été
cependant relevées. La perte n'en fut pas moins regrettable.
C'est en 1898, que le musée actuel fut construit,
mais pendant quelques années les ruines du Théâtre Romain furent
encore utilisées comme dépôt des marbres antiques.
MM. ROGER, GSELL, puis MM. BERTRAND Louis
et François contribuèrent à mettre de l'ordre dans les collections,
à les classer et à en dresser l'inventaire.

LE MUSÉE DE PHILIPPEVILLE
peut passer pour l'un des
plus riches en collections archéologiques de l'Afrique
du Nord.
Il possède en effet près de 300 morceaux
différents provenant de découvertes faites au cours des constructions
d'immeubles de la cité moderne. A côté de cela, 15 sarcophages,
quelques mosaïques de belle facture, des fragments de statues,
et plus de 200 inscriptions donatiste.

— Intérieur
du Musée —
Au centre de la salle du rez-de-chaussée,
se dresse une statue colossale de l'Empereur HADRIEN, un buste
de CARACALLA, la statue d'un Génie, etc...
Dans les vitrines, des ossements trouvés
lors de la construction du square, en face de l'Église,
sont attribués à la martyre DIGNA, patronne de la Basilique
donatiste sur les ruines de laquelle a été édifiée l'Église.
La tombe contenait le squelette entier, la tête reposait sur
une brique et 4 clous de fer de 0,10 m de longueur l'entouraient.
Dans la salle du premier étage, quelques
tableaux dons de l'État ou de particuliers ; une carte
de l'Algérie oeuvre du peintre et archéologue J. CHABASSIÈRE,
auteur d'une reconstruction scientifique et vraiment captivante
de la GENÈSE DU MONDE.
Une autre salle renferme des armes, souvenirs
de la conquête, et en particulier un canon provenant de
la corvette la Marne, naufragée en rade de Stora en 1841,
et un autre, souvenir du siège de Constantine en 1837.
La salle de pêche, organisée, bien avant
la guerre, lorsque PHILIPPEVILLE possédait une École de Navigation,
rassemble tous les engins de pêche utilisés dans la baie de
PHILIPPEVILLE-STORA, ainsi qu'une collection de la faune marine
de notre région.
Sur la façade du Musée sont érigées avec
bases et chapiteaux, 18 colonnes en marbre du Filfila, et 4
autres en granit de 4 mètres de hauteur.
Cette colonnade donne une idée de ce que pouvaient être les
monuments romains, à l'époque de la splendeur de RUSICADE.
Parmi les pierres curieuses du Musée, il
faut signaler un autel funéraire en grès, trouvé à CELTIANIS,
dans le douar Beni-Ouelbane, à 14 km de Sidi-Mesrich, et qui
rappelle que "LUCIUS HORATIUS CRESCES
A VECU 110 ANS : QU'ICI TU REPOSES EN PAIX."
Un autre autel funéraire en grès de la même
origine consacré aux Dieux mânes "PUBLIUS
JULUS JANNARIS A VECU 95 ANS. IL REPOSE ICI."
Un autre "CÆCILIA
URBANA A VECU 91 ANS. ELLE REPOSE ICI."
Rue Clémenceau, à l'angle de la rue d'Austerlitz,
en 1891 on a trouvé une pierre funéraire en grès portant que
: "CAIUS PACTUMEIUS PHILOCALUS A
VECU 103 ANS. IL REPOSE ICI."
Une autre encore consacrée aux Dieux mânes
: "QUINTUS FABIUS A VECU 101 ANS.
IL REPOSE ICI."
Heureuse époque où les centenaires ne se
comptaient pas dans notre région.
Sur le flanc de Bou-Yala, face à l'abattoir,
un sanctuaire souterrain consacré au Dieu Mithra devait exister
car, on a retrouvé en 1845, trois statuettes représentant, la
première, un monstre à corps humain et à tête de lion, les deux
autres symbolisant CANTES le soleil du printemps, et
CANTOPATES, soleil de l'automne. Plus loin un grand récipient
de marbre rose dont un serpent encercle le bassin et qui est
de la même origine.
Dans les vitrines, un grand nombre d'objets
en verre, récipients, urnes, miroirs etc...
Dans un autre rayon, de nombreux objets en os et en bronze :
épingles, anneaux, clous, bagues, cuillers, coquetiers, cadenas,
hameçon.
Deux vases contenant des grains de blé, et un grand nombre de
petites statues, de lampes, de fragments divers de têtes, etc...
Lors de l'occupation française, on pouvait encore admirer les
vestiges d'une fontaine romaine, à l'emplacement du kiosque
à musique, place de Marqué, ainsi que de vastes magasins.
Le temple de la Victoire à l'emplacement
du Palais de Justice.
Le temple de Vénus, à l'emplacement du théâtre municipal.
Le temple d'Hélios et le Mithracum, sous l'hospice des
vieillards.
Le temple de Bellone, à l'emplacement de l'hôpital civil,
et en avant, le temple de Jupiter Apennin.

— Philippeville,
le Musée —
Les nécropoles se trouvaient aux quatre
points cardinaux de la cité, et l'une d'elles spécialement chrétienne,
à l'ancienne propriété Lesueur, à 2 km sur la route supérieure
de Stora.
Les Romains tiraient leurs pierres de la
carrière appelée encore de nos jours carrière romaine
entre Saint-Antoine et Damrémont.
Un seul temple n'avait pu être identifié
ni placé : le temple d'ESCULAPE.
C'était une divinité pourtant très respectée dans tout le monde
romain. Un temple existait à Tricca en Thessalie au début, et
le culte s'étendit ensuite en Messenie, en Péloponnèse,
en Asie mineure et à Smyrne. En Crête, en Cilicie et en Cyrénaïque
ce culte fut instauré. Vers 291 avant J.C., le Sénat romain,
à la suite d'une épidémie de peste qui ravageait la population,
avait envoyé une délégation à Epidaure pour supplier
le Dieu de la Médecine d'arrêter le fléau.
Lorsque cette délégation revint, un serpent
qu'elle avait pris à l'Asclepeia, s'enfuit du navire,
remonta le Tibre et se cacha dans une île qui fut consacré de
suite, au nouveau culte et devint l'Île sacrée.
Les Légionnaires, enclins à adorer le Dieu
des guérisons miraculeuses amenèrent ce culte avec eux. Chaque
temple avait un chien sacré et un serpent, car dit Thimothée
de Gaza "quand une peste est
imminente, les chiens et les serpents la pressentent par instinct."
Les sanctuaires algériens n'avaient pas
de chien, mais ils avaient tous un serpent.
La déesse Hygie, déesse de la santé, fut installée dans
le temple d'Esculape vers 420 avant J.C., à l'Asclepeion
d'Athènes. Les statues diffèrent suivant les lieux et les races.
Celle trouvée à PHILIPPEVILLE représente une belle jeune fille
aux traits fins.
Esculape et Hygie étaient inséparables,
et devinrent les Dieux les plus vénérés et adorés de l'antiquité.
Lorsqu'au mois de juin 1891, en creusant
les fondations de l'Hôtel des Postes, on eut trouvé le piédestal
d'une statue de marbre ayant 1,50 m de haut et portant ces mots
:
HYGIOE AUG. SACRUM
et plus loin la statue elle
même, on a été fixé sur l'importance du temple consacré aux
Dieux Guérisseurs.
L'Hôtel des Postes est donc construit sur un temple qui n'a
pas été fouillé et qui, par conséquent, conserve encore tous
ses secrets.
