Le périple du GOEBEN et du BRESLAU

L'attaque de PHILIPPEVILLE par le croiseur allemand GOEBEN
Les premières victimes françaises de la "grande guerre"

A bord du GOEBEN
A bord du GOEBEN

 

 Juillet 1914  La Marine Impériale Allemande dispose de seulement 2 navires de guerre en Méditerranée. Les croiseurs GOEBEN et  BRESLAU placés sous le commandement de l'Amiral Wilhelm SOUCHON. Ce dernier mesure parfaitement bien l'inconfort de sa position face aux 27 navires de la flotte britannique, ennemi potentiel, qui croisent en Méditerranée.

 

S.M.S. GOEBEN
S.M.S. GOEBEN

 

Le GOEBEN est un navire de guerre ultra moderne de 23 000 tonneaux, ayant 171,50 m de longueur ; 26,50 m de largeur et 8,10 m de tirant d'eau.

Ses machines d'une puissance de 80 000 chevaux lui donnent une vitesse de 28 nœuds.

Armé de 10 pièces de 280 mm, 12 de 150 et 12 de 88, avec quatre lance-torpilles sous-marine, ce navire de guerre, l'un des plus beaux de la marine allemande portait 1 013 hommes d'équipage. 

En prévision de la guerre imminente, l'Amiral SOUCHON peaufine son navire dans le port de Pola - en mer Adriatique - alors sous contrôle germano-autrichien.
L'autre bateau de SOUCHON, le BRESLAU, avec 370 hommes d'équipage, est un croiseur moins imposant et moins puissant.
Pendant les préparatifs à bord du GOEBEN, le BRESLAU stationne dans le sud des côtes italiennes.

 

 Samedi 1er Août 1914  L'Amiral SOUCHON reçoit un message télégraphique. L'Allemagne vient de déclarer la guerre à la Russie et  s'apprête à en faire autant avec la France. Depuis plusieurs mois l'Amiral SOUCHON connaît sa mission en cas de guerre avec la France :

 Le GOEBEN et le BRESLAU doivent attaquer des centres français en Algérie.

 Les 2 navires quitteront  la Méditerranée pour rejoindre la flotte allemande dans l'Atlantique Nord. 

Amiral  Wilhelm Souchon
Amiral Wilhelm SOUCHON

 

Le GOEBEN, appareille en direction du sud pour rejoindre le BRESLAU.  Les 2 navires franchissent ensemble le détroit de Messine qui sépare l'Italie de la Sicile.

 


 De Pola à Constantinople via Philippeville et Bône

 

 

 Lundi 3 Août 1914  Alors qu'il se trouve au large de la côte ouest de la Sicile, l'Amiral SOUCHON est informé que l'Allemagne a déclaré la guerre à la France et reçoit de nouveaux ordres : après avoir attaqué les positions françaises en Algérie, plus question de rejoindre l'Océan Atlantique mais faire demi-tour en direction de la Turquie. Sa nouvelle mission consistera à persuader le Gouvernement neutre de Turquie à entrer en guerre aux côtés de l'Allemagne.

 

 

 Mardi 4 Août 1914 
 05:10 
Le GOEBEN  passe au large du Cap de Fer et se présente devant Philippeville.
Bien que repéré à 4 h 50 par le poste de garde, l'alerte n'est pas donnée ; en violation des traités internationaux le navire allemand arbore un pavillon russe !

 

 05:15  Arrivé à 4500 mètres, il s'arrête entre les points 1 100 et 1 200 de la grande jetée et ouvre le feu sur la gare, le port, l'usine à gaz, la caserne de France. Trente six obus de 150 sont tirés sur lesquels 4 seront trouvés non éclatés.

Dans le port, la balancelle Saint-Vincent a son pavois traversé par un obus qui, après avoir ricoché sur des sacs de chaux, frappe le hangar de la Société Générale des Transports Maritimes et l'incendie.

Ce hangar abrite les troupes. 10 zouaves sont tués et brûlés ainsi que 7 mulets : la section de mitrailleuses et des fusils sont détruits, 21 hommes sont blessés dont 3 mortellement.

— Incendie du hangar de la SGTM —
— Incendie du hangar de la SGTM —

Le vapeur charbonnier anglais Isle of Hastings reçoit un obus à la base de sa cheminée à bâbord. L'explosion détruit toute la tôlerie, et 2 wagons de marchandises sur les quais déraillent.

Un deuxième obus, tombe 20 mètres plus loin et tue 3 civils. Un autre obus frappe l'usine de conserves alimentaires Bourgeois, route de Stora, détruit une partie de la toiture et entièrement le matériel.


La Maison Visconti
— Maison Visconti —


Un dernier obus enfin, défonce l'angle de la maison Visconti au premier étage.

Quatre obus tirés sur la Caserne de France dépassent leur but et sont retrouvés à 7 km dans la direction du village de Damrémont.

 

— Victimes civiles —
  CHIRCOP Gaspar 56 ans Journalier
  DEBILI Ali 23 ans Journalier
  INCONNU pulvérisé par un obus
     

 

— Militaires —
  RAMBOZ Gaston Adjudant du Jura
  PARIS Albert Sergent-Major du Cher
  BUCHLIN Adrien Sergent réserviste d'Alger
  GILLI Louis Sergent de Nice
  BARREYRE Roger Sergent réserviste de Vichy
  MAGNOT Dominique Sergent réserviste d'Alger
  SACHET Eugène Caporal du Cher
  CHENU Pierre Zouave de Paris
  BENICHOU Mimoun Zouave de Tlemcen
  BASTIEN André Zouave de Paris
  BOUVIN Gaston Zouave de Roubaix
  DUMAS Victor Zouave de Cublizé (Rhône)
  NORDE Emmanuel Zouave de la Guadeloupe
  MANSO Joachim Zouave de la Martinique
  SAUNIER Jean Zouave de Courbet (Alger)
  PHESOR Hubert Zouave de la Guadeloupe
  ALBOUY André Zouave de l'Aveyron
       

 

 

Le Lieutenant CARDOT commandant la batterie du fort d'El-Kantara, ouvre à son tour le feu. Trois coups sont tirés, dont l'un dut atteindre le GOEBEN à l'arrière.
Immédiatement le navire allemand amène le pavillon russe et file vers la haute mer en direction du
détroit de Messine, pour se ravitailler en charbon et rejoindre Constantinople.

Dans le même temps, le BRESLAU tire son premier obus sur le quai Warnier à Bône à l'endroit où plus tard sera érigé le monument aux morts.

 

Officiers du GOEBEN
Officiers du GOEBEN

 

 


Le canon de côte de 19 cm, en fonte, modèle 1878 fondu à Bourges en 1878 qui tira les premiers obus français depuis le Fort de Philippeville -établi par le Maréchal Randon- pour riposter à l'attaque du croiseur allemand GOEBEN,
a été transporté le Mardi 30 septembre 1919 au Musée des Invalides à Paris.

Canon de la batterie de Philippeville
"Le canon de la batterie située dans la baie de Stora  (Philippeville, Algérie)
qui tira le premier coup de canon français le 4 août 1914 à 5 h 15
pour riposter à l'attaque du croiseur allemand GOEBEN."

 

 

Le Commandant de la Flotte Britannique, le Vice-amiral Sir Archibald Berkeley Milne, reçoit de Londres l'ordre de localiser et traquer les 2 croiseurs allemands sans les attaquer.  La guerre n'est pas officiellement déclarée avec l'Allemagne.

 

Sir Archibald Berkeley Milne
Sir Archibald Berkeley Milne

 

 

Les autorités italiennes rendues nerveuses par toute cette gesticulation donnent 24 heures aux navires allemands pour quitter leurs eaux territoriales. 

 



 Mercredi 5 Août 1914 
 00:00 
 Au moment même où les 2 croiseurs de l'Amiral SOUCHON quittent le port de Messine, la Grande Bretagne entre officiellement en guerre contre l'Allemagne.
Pas moins de 7 navires de guerre britanniques sont à la poursuite des fuyards. A bord du GOEBEN une vanne défectueuse provoque une fuite de vapeur tuant 4 matelots.


 Lundi 10 Août 1914 
 17:00 
 Une série de maladresses et d'erreurs d'appréciations de la part des poursuivants et les 2 croiseurs allemands se réfugient dans le port de Constantinople malgré l'avis défavorable des autorités turques.
Les palabres vont bon train entre diplomates anglais, allemands, et les membres du gouvernement de Turquie, pays encore neutre. Les turques tranchent et s'emparent du GOEBEN et du BRESLAU . Les 2 bateaux sont rebaptisés YAVUZ SULTAN SELIM et MIDILI. Wilhelm SOUCHON est nommé commandant en chef de la flotte turque.

 

 

Le journal "Le Tag" de Berlin, annonce à ses lecteurs "...Le bombardement des deux ports commença en même temps. PHILIPPEVILLE FUT ENTIÈREMENT DÉTRUIT APRÈS UN BOMBARDEMENT D'UNE HEURE. On ne répondit pas à notre feu. NOUS NOUS ÉLOIGNAMES PENDANT QUE LA VILLE BRÛLAIT EN PLUSIEURS ENDROITS."


"Le Hamburger Fremdenblatt" du 14 août 1914, donne une note identique, avec ces précisions : "NOUS AVONS TIRÉ 36 OBUS, DÉTRUIT LA DIGUE, MIS LE FEU A LA VILLE ET FAIT SAUTER UNE POUDRIÈRE."

 

 

 Vendredi 30 Octobre 1914  La Turquie entre officiellement en guerre aux côtés de l'Allemagne.
Ce périple du GOEBEN et du BRESLAU  signe la fin de la carrière des amiraux britanniques Milne et Toulbridge.  Milne est privé de commandement jusqu'à la fin de la guerre et ne perçoit qu'une demi-solde. Toulbridge est assigné au casernement jusqu'à la fin de la guerre. 
 

Parmi les Officiers du BRESLAU qui accompagne le GOEBEN pendant l'attaque de Bône et Philippeville se trouve le jeune KARL DOENITZ.

 

Officiers du BRESLAU
Officiers du BRESLAU

 

Supérieurs aux navires russes, les 2 cuirassés suffiront, jusqu'en 1918, à interdire tout trafic en mer Noire.

 

 Samedi 25 Avril 1915  Les alliés -Français et Anglais par le sud, Australiens
et Néo-Zélandais par le nord- décident d'une expédition commune pour forcer le passage des Dardanelles et s'emparer de Constantinople.

7 594 Australiens et 2 431 Néo-Zélandais trouvèrent la mort .


Le 25 avril fut choisi comme jour de commémoration par les Australiens et Néo-Zélandais qui ont donné leur vie dans tous les conflits de l'histoire : c'est l'ANZAC DAY.

 

Les Anglais connurent l'un des événements les plus extraordinaires de toute la guerre :

la disparition mystérieuse dans un "nuage", de 400 soldats et leur équipement.


Le BRESLAU sautera en 1918 dans un champs de mines anglaises.

Le GOEBEN, refondu en 1928-30 à St.-Nazaire/Penhoët, restera turque jusqu'en 1960.

 

 

 

Sources :

The Pursuit of the GOEBEN and the BRESLAU - Paul CHRASTINA and Old News.
Le Bombardement de Philippeville - Émile LEDERMANN
Musée des Invalides - Paris

 

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