Comme PHILIPPEVILLE, COLLO a connu des jours de splendeur au temps des Romains. Sa rade bien abritée par la presqu'île d'El-Djerda, avec des fonds de 25 mètres, était un abri sûr pour les bateaux de pèche ou de trafiquants qui venaient y aborder. Aussi, cette cité privilégiée à tant de points de vue, a eu une population nombreuse, qui, aux dires des historiens du Moyen Âge, était comparable à celle de Cirta (Constantine).

— Collo, vue d'ensemble —
— Collo, vue d'ensemble —


Lorsque les Français prirent possession de la ville ils trouvèrent une inscription portant qu'elle était COLONIŒ MINERVIÆ CHULLU :

CHULLU fut tout d'abord une ville punique, Les auteurs anciens la mentionnent : Pline, Ptolémée, l'Itinéraire d'Antonin. Julius Honorius et le géographe Ravenne.

A l'époque de Trajan, la ville était importante puisqu'elle devint Colonie. Elle formait avec Rusicade, Milew et Cirta la confédération " RESPUBLICA IIII COLONIARUM " qui fut dissoute au IIIème siècle. C'était la Chulli Municipium d'Antonin et la Kellops Magnus de Ptolémée, d'où son nom actuel de COLLO.

Au moment de la conquête, COLLO avait deux ports, dont l'un était constitué par un étang qui se trouvait au sud de la ville, et qui était séparé de la mer par une barre de sable de cent mètres.
Ce lac qui communiquait avec la mer servait de port. Les galères impériales venaient s'y abriter. On remarquait autrefois des vestiges romains qui pouvaient bien être des quais de débarquement.

COLLO, était le siège d'un Évêché.
Au montent du schisme donatiste, il y eu même deux Évêques : QUILLITANUS et FIDENTIUS.

Chose extraordinaire, cette cité magnifique et opulente n'a laissé aucune trace importante. On a supposé qu'un tremblement de terre avait englouti la cité, ou plus simplement que les Vandales passant en rafale sauvage sur la ville l'avaient complètement rasée.
Les écrivains latins nous parlent de COLLO : Salin, Pomponius Mela. Ils racontent que COLLO, ville industrielle, avait la spécialité de la teinturerie. Ses étoffes pourpres égalaient les plus réputées de Tyr. Ses cuirs, ses bois de construction faisaient prime sur les marchés romains.

Les historiens Arabes constatent au XIe siècle que sa renommée était encore solide. Au XIIIe, et au XIVe siècle les Génois et les Pisans achetaient des cuirs, des céréales et de la cire.

Léon l'Africain, dit de COLLO :

" Il n'y avait pas alors par toute la côte de Tunis, cité plus opulente ni plus sûre, à cause que l'on y gagnait toujours en double sur les marchandises "

Marmol au XVIe, siècle, disait également :

" COLLO était autrefois fort peuplée et avait de hautes murailles que les Goths rasèrent après l'avoir conquise sur les Romains. Cependant on ne les a jamais rétablies depuis, quoiqu'il y ait grand commerce et force marchands et artisans.
Le peuple est courtois et civil ; on va y acheter de la cire, des cuirs et d'autres marchandises. La contrée, du côté de la montagne, abonde en blé, en troupeaux de toute sorte. Les habitants se maintenaient autrefois en liberté et étaient assez puissants pour se défendre des rois de Tunis et des seigneurs de Constantine. Outre que la plupart du pays est montagneux et peuplé de Berbères et d'Azuagues fort vaillants, de sorte qu'il n'y avait pas de ville plus riche ni plus assurée que celle-ci, car elle faisait 10 000 hommes de combat. Elle s'est depuis donnée aux Turcs qui y tiennent garnison, et celui qui commande dans Alger y envoie un gouverneur qui dépend de celui de Constantine, lequel reçoit le revenu de toute la province et a soins que les habitants ne soient pas floués
"

Un fait historique des plus importants dans l'Histoire de l'Afrique romaine se serait déroulé à COLLO : Bocchus y aurait livré Jugurtha aux Romains.

Collo, le port - A gauche l'Eglise, à droite la Mosquée
— Collo, le port - A gauche l'Eglise ; à droite, la Mosquée —

 

L'historien Arabe Ibn Khaldoun, raconte l'épopée du roi Pierre III d'Aragon, venu en 1282 faire la conquête de COLLO et de la Province numidienne. Comparée avec la Chronique du Roy Pierre de Bernard d'Eselot ; nous possédons ainsi sur cette aventure les renseignements les plus précieux.

Abou Beker Ibn Ouezir, gouverneur de Constantine en 1282, était vassal de Abou Isahac sultan de Tunis. Il avait une garde composée de soldats chrétiens mercenaires.
Il envoyait un émissaire au roi d'Aragon, avec une lettre où il affirmait que " s'il passait à COLLO avec 800 cavaliers et 2 000 hommes d'infanterie, il lui livrerait Constantine qui est non loin de COLLO et de la mer de Stora "


Le capitaine chrétien porteur du message, revint à Cirta, avec la promesse d'un embarquement pour COLLO, le deuxième dimanche après Pâques.

Pierre d'Aragon réunit une armée conforme aux directives d'Abou Beker, mobilisait une flotte formidable pour l'époque et partait de Tortose. L'amiral Ramon Marquet s'arrêtait à l'île de Mahon, mais les Sarrasins qui habitaient l'île envoyèrent un bâtiment à voile des plus rapides pour prévenir les Colliotes ; aussi lorsque le 28 juin 1282, la flotte ancrait dans la rade, la ville était vidée de ses richesses et de ses habitants ; le corsaire étant arrivé vingt-quatre heures avant le roi d'Aragon.
Pierre III apprenait alors que son allié Bou Beker dénoncé au Sultan de Tunis, avait été surpris et décapité ainsi que ses partisans.

Le roi d'Aragon ayant débarqué son armée, ses vivres et ses munitions, s'installait dans un camp près de la ville, et construisait des murs et des retranchements, non loin d'un puits nommé Picca Boralta. Les soldats, ne pouvaient cependant dépasser l'oued Guebli.
Le castillan Montanes, historien de l'expédition, raconte que le roi fit un jour une sortie, et après avoir taillé en pièces l'armée des Sarrasins, arrivait après trois heures de marche à une ville magnifique, déserte, mais pleine de richesses extraordinaires. Après un pillage complet, le roi fit brûler la cité amenant 2.000 bœufs et 20 000 moutons et chèvres.


Il n'y aurait rien d'étonnant que celle ville magnifique, soit Celtlane. On a en effet découvert au douar Beni-Ouelbane, à El Mrabaa (les ruines en arabe) une cité détruite s'étendant sur une cinquantaine d'hectares, à 294 mètres d'altitude et dont il ne reste que des pierres couchées.

Pour arriver à ces ruines, partir de Sidi Mesrich distant de 15 km ; ou bien s'arrêter au kilomètre 50 sur la route de Robertville à Collo et faire 8 kilomètres dans la brousse.

La ville devait être très importante : le sol est couvert de fûts, de colonnes, de chapiteaux, de base, de moulins, de linteaux de portes, de pierres taillées avec quelques inscriptions. L'enceinte devait avoir deux kilomètres de long : des fortins la flanquait tous les 200 mètres.

A 500 mètres au delà, une nécropole est très visible et parait posséder de très beaux tombeaux.

Pierre III, aurait bien voulu marcher sur Constantine. Il voulut avoir l'appui et les encouragements du Pape. Il envoyait Guilhem de Conet, et quelques nobles barons porter une lettre au Saint-père, et lui disait :

" Sachez 0 Saint-père, que nous sommes passés en Barbarie, et nous avons fait tout ce que nous étions capable de faire pour conserver ce que nous avons pris, lieu beau et fort, qui est la ville de COLLO... "

Après avoir écouté les envoyés du roi d'Aragon, le Pape répondit simplement :

" Nous ne croyons pas qu'un si petit roi fut passé en Barbarie, ni que ses gens y aient conquis quelque chose. Le roi d'Angleterre celui d'Allemagne, le roi Charles et beaucoup de comtes s'ils y étaient allés, n'auraient rien fait "


Nantis de cette douche pontificale, les nobles seigneurs revinrent à COLLO et y trouvèrent une armée toujours ardente à la bataille, mais assoupie auprès des feux de bivouac.

Très peu de temps après leur retour, une ambassade de Siciliens débarquait à COLLO et offrait à Pierre III le royaume de Sicile qu'il revendiquait depuis longtemps. Le roi d'Aragon accepta avec empressement. En trois jours le camp fut levé, troupes, chevaux, artillerie et vivres furent embarqués ; et COLLO fut incendié et détruit de fond en comble.

Pierre III avait une flotte composée de 2 grands vaisseaux de guerre, 20 transports, vingt grandes galères et 22 petites galères à 16 rames, puis d'autres bâtiments portant les troupes, et les vivres : en tout 140 voiles.

On sait que dès 1450, les Marseillais avaient obtenus sur une étendue de 10 lieues ce que l'on appelait alors les Concessions d'Afrique. Le centre était La Calle où ils fondèrent le BASTION DE FRANCE détruit en 1551 par le successeur de Barberousse : Salah Reiss.

Richelieu découvrit un ancien consul à Alep devenu gentilhomme de la chambre du Roi : Sanso Napollon corse d'origine, ayant toutes les vertus de sa race : un courage indomptable au service d'une souplesse d'esprit admirable, Sanso fut envoyé en mission en 1623 à Constantinople pour obtenir du Sultan aide et protection contre les Algérois.

Le résultat de cette visite de Sanso Napollon, fut un traité de paix signé le 29 septembre 1628 entre la France et le Grand Turc. Le 29 septembre 1628 un contrat était remis au vaillant corse, dans lequel il était dit :

" Avons déclaré, promis, donner Bastion et eschelles de Bônes au Roy de France, avec pesches que, pour récompense des services rendus par le capitaine Sanso, il en sera le chef et commandera les dictes places, sans que l'on puisse mettre un autre ; néanmoins après son décès, le Roy y pourra pourvoir d'autres personnes"

Sanso Napollon créa la forteresse de La Calle puis une autre au cap de Roze ; et lorsque Richelieu envoya en 1633, M. de Seguiran pour inspecter les ports de Provence, celui-ci consignait dans son rapport que :

" Sanso Napollon allait tous les ans à Alger où à sa côte qui est La Colle (COLLO) et Bône avec 4 ou 5 vaisseaux qui portaient 20 000 livres chacun "

C'était la redevance fixée par le traité de 1628 qui était versée au trésor de la Casbah.

 

La partie du littoral Barbaresque accordée aux Marseillais allait du cap de Garde au cap de fer (200 kilomètres environ) Bône en était le cœur et avait un consul français.

COLLO devint un centre (une échelle comme l'on disait alors) très important de la Compagnie d'Afrique. Deux commis y restaient à demeure, et exportaient en moyenne 400 quintaux de cire, des suifs, des céréales, du corail, du miel, de l'huile, 150 000 peaux non tannées.

Les archives de la Compagnie sont remplies de plaintes au sujet de l'existence insupportable à laquelle étaient condamnés les officiers du comptoir de Coll.
Les Collins, comme on appelait les habitants, passaient pour les plus méchants de tous les Indigènes. Ils ne toléraient qu'une faible garnison turque. L'Agha qui y commandait était sans autorité, et ils ne redoutaient ni le Bey de Constantine ni celui d'Alger. L'autorité appartenait à la Djemaa des notables. Les agents habitaient une maison sans défenses et vivaient là dans des transes continuelles.

" Je ne vois, lit-on dans une lettre de 1746, que personne puisse tenir à COLLO, où les Maures feront le diable, si la Compagnie ne leur accorde leurs prétentions en sucre et en café et en autres choses "


Cette maison était située au-dessus de la Mosquée actuelle et s'appelait la maison du Consul ( Dar-el-Consoul )

Le 3 janvier 1746, l'agent Broude écrivait :

" Je suis forcé de vous représenter que depuis deux mois et demi, les Français qui sont à COLLO, ne boivent que de l'eau et que la frégate de La Calle, n'a jamais pu trouver un moment de beau temps pour leur apporter un peu de vin, ce qui est de même presque tous les hivers. Lorsque cet article manque, le pays devient plus affreux aux domestiques… On a peine à trouver qu'ils y veuillent rester. Je vous avoue que c'est toute la satisfaction qu'ils peuvent avoir dans leur espèce d'esclavitude "

Les Colliotes n'acceptèrent jamais la construction de magasins, et le comptoir fut abandonné en 1745, puis repris et délaissé en 1748, par les agents dont la vie était épouvantable.
La Compagnie dut cependant le rétablir en 1750, car le Bey d'Alger menaçait de céder l'échelle de COLLO aux Anglais.

L'abbé Poiret, en 1785, dans ses Lettres sur la Barbarie dépeint la situation qui est toujours la même :

" Les bâtiments qui abordent à COLLO, pour la traite, sont forcés d'être sans cesse sur leur garde, ils ont à éprouvé les plus fortes insultes de la part des habitants : souvent, les gens de l'équipage n'osent débarquer qu'à la faveur des ténèbres.
Ils se hâtent de charger les cuirs et les autres denrées qui sorti au dépôt, dans la maison de l'agent de la Compagnie, et s'éloignent le plus tôt qu'ils peuvent d'un pays où les hommes sont plus à craindre que les bêtes féroces. Les précautions que l'agent de la Compagnie est obligé de prendre, pour sa sûreté, font frémir et annoncent bien l'évidence du danger. Il habite, avec un caissier et quelques domestiques, une maison qui n'a d'autres ouvertures que de très petites lucarnes ; encore les fenêtres et les portes sont-elles doublées de fer et en état de résister aux balles de fusil.

Ces messieurs font, avec leurs domestiques, une garde continuelle, tant le jour que la nuit. Malgré ces précautions, il est arrivé plusieurs fois des accidents fâcheux. L'on a vu des Arabes monter pendant la nuit sur les toits, enlever les tuiles, faire une ouverture pour passer le bout de leurs fusils, et tuer ou blesser la personne en sentinelle. Ils ont une fois Poussé leur rage jusqu'à mettre le feu aux quatre coins de la maison et brûler l'agent et tout son monde (en 1759).
M. Hugues, agent actuel de la Compagnie, a été mille fois insulté, il y a quelques années, il reçut un coup de fusil à la joue, dont il fut heureusement guéri. Il avait voulu se retirer. Les Arabes s'opposèrent à son départ. Son successeur s'étant, présenté, ils le reçurent si mal, qu'il n'eut que le temps de se rembarquer
"

M. Hugues agent de la Compagnie a donné des renseignements précieux sur COLLO en 1785 :

" Le pays proprement dit de COLLO, est une petite vallée où se trouvent 150 maisons à un seul étage, mal bâties en argile et en terre. Elles forment quatre villages, distants d'environ 400 pas l'un de l'autre, habités depuis plus de 200 ans par des Maures qui s'y sont rassemblés de différentes nations de la montagne. Ces villages ont tous un nom particulier.

Le premier et le plus éloigné de la marine s'appelle Berkaïde (Bir el Kaïd), le second l'Azouline, qui est le nom de la nation qui l'habite, le troisième Berdrouille (Bir Touil) et le quatrième, la Jasde (El Djerda), qui est le nom de la montagne auprès de laquelle le village est bâti....

D'anciens puits qui sont encore dans le meilleur état, un vieux château, et quantité de vieilles masures font voir clairement que ce pays a été habité avant l'arrivée des Maures, et ce qui porte à croire que les Romains y avaient formé un établissement très considérable, ce sont quelques inscriptions que l'on voit sur de grandes pierres blanches, qui servaient apparemment de frontispice à leur temple....

Le gouvernement civil est entre les mains de deux Caïds et de sept chefs maures, dispersés dans les quatre villages. Ils n'ont aucune autorité sur les Collins et se contentent du titre de leur charge. Ils traitent seulement de la paix ou de la guerre avec les nations de la montagne (Cabaïles). Ces Caïds ou Schiks, qui sont eux-mêmes les plus grands coquins du pays, n'ont pas le pouvoir, ni même la volonté de mettre un frein à l'injustice et au crime, qui vont tête levée dans le pays. Le droit du plus fort et le fusil, décident tous les différents.

Les Turcs ne sont pas même épargnés. Quand leur Agha ou le Divan veulent s'aviser de mettre le bon ordre, il est bien rare que la garnison retourne à Alger sans laisser plusieurs soldats tués sur place ; ce qui fait que, depuis longtemps, ils se bornent à manger tranquillement leur paye et à ne point s'écarter du château, laissant les Collins dans leurs villages, jouir impunément d'une liberté qui occasionne presque tous les jours les plus grands désordres. L'impunité a multiplié tous les crimes, et à fait des Collins, sans exagération, les hommes les plus méchants qu'il y ait sur la terre.

Les Collins sont en général blonds, grands, robustes. Ils ne sortent jamais de leurs maisons qu'armés du fusil, de pistolets et de sabre. Ils ne meurent guère que des coups, meurtriers de ces armes, étant sans cesse en guerre. Ils sont tous, sans en excepter aucun, grands voleurs, fainéants, gourmands, cruels et inhumains envers les étrangers, traîtres, dissimulés, lascifs, jaloux, vindicatifs, flatteurs et aimant la flatterie, orgueilleux, avides des honneurs, superstitieux, hypocrites, en un mot adonnés aux vices les plus abominables "

— La route de Philippeville —
— La route de Philippeville —


En 1820, les Colliotes étant devenus maîtres de la ville après avoir chassé les Turcs, le comptoir fut supprimé.

Les Colliotes furent alors réduits à la misère, et comme le Dey d'Alger les menaçait d'un bombardement par mer. ils acceptèrent une nouvelle garnison turque qui y séjourna jusqu'en 1830.
Le départ des Turcs fit tourner les yeux des Colliotes du côté des conquérants. Ils se mettent de très loin sous leur protection. Ils essaient d'empêcher une invasion française par tous les moyens. (C'est ainsi que le journal officiel de la Colonie le Moniteur Algérien n° 194 du 4 septembre 1835 publiait cette information typique :


" COLLO : Un reïs nommé Dahman étant arrivé à COLLO dans un moment où la ville était en désordre et où beaucoup de gens se disposaient à se réfugier à Tunis, on lui conseilla de se retirer en lui disant que ce n'était pas l'instant de commercer. Comme il persistait à rester on se vit dans la nécessité de faire feu sur son bâtiment. Les matelots du reïs qui s'entendaient avec les cabaïles engagèrent leur chef à revenir, ce qu'il fil en effet. Alors les cabaïles montèrent à bord comme pour lui acheter ses marchandises et le dépouillèrent, les matelots prirent de leur côté une bonne partie de la cargaison.

Les habitants de COLLO craignant que cet acte de brigandage ne leur fut attribué, ont écrit au Gouverneur général, en demandant grâce. M. le maréchal Gouverneur ayant été informé par le général Munck d'Uzer (Maréchal de camp commandant le Cercle de Bône) que les gens de COLLO servent la France avec zèle et fidélité, leur a promis qu'aucune vengeance ne serait tirée de ce délit auquel d'ailleurs ils paraissent avoir été étrangers
"


Un ancien agent de la Compagnie des Concessions d'Afrique de Marseille, M. Raimbert qui fut chargé en 1805 de réorganiser la pèche au corail, avait rédigé une notice dans laquelle, il mentionnait les richesses forestières de cette région :

" Plus loin au COLLO, écrivait-il, où j'ai résidé dix années du temps de l'ancienne Compagnie d'Afrique, au COLLO dis-je, à moins de demi-heure de son port, il u a une immense forêt de haute futaie : ormes, chênes blancs et frênes, aussi anciens que le monde, à une lieue Ouest de là, se trouvaient des sapins, les goudrons, les résines qui, avec la forêt de COLLO, alimentaient autrefois l'arsenal de l'ex-régence d'Alger "

L'importance de cette région et surtout la turbulence et la combativité des habitants du littoral, donnaient des inquiétudes aux généraux lors de la préparation de l'expédition militaire contre Constantine, et le Moniteur Algérien du 28 Novembre 1836 publie le résumé d'un ordre à la Marine de guerre :

" Les corvettes de charge, la MARNE, la CARAVANE, et la FORTUNE parties d'Alger et d'Oran pour transporter des troupes à Bône, ont reçu l'ordre de M. le Contre amiral de Fresne, commandant la Marine à Alger de croiser dans les golfes de Stora et de COLLO et d'y mouiller aussi souvent que le temps le leur permettrait. Elles ont appareillé de Bône le 10 Novembre pour cette destination.
Ces démonstrations, qui ont pour but de tenir les Arabes de la côte sur le qui-vive, ne peuvent produire qu'un très bon effet pendant l'expédition de Constantine
"

Après le tableau peu flatteur et certainement poussé au noir par le Marseillais Hugues, on peut se demander ce qui pouvait rester aux Colliotes pour ressembler encore à des hommes. Il leur restait la foi à leur religion.

La Grande Mosquée qui existe toujours, et qui est le premier monument que l'on trouve à l'arrivée dans le port, a été construite en 1756 par Ahmed ben Ali Roumanli, bey de Constantine, ancien janissaire, puis Agha de la garnison de COLLO, et surnommé El Colli.
Cette mosquée a été édifiée sur un ancien temple romain consacré à Neptune : 30 colonnes antiques, en marbre blanc ont été employées à son édification, et les jarres qui servaient aux ablutions des fidèles, étaient romaines.

Lorsque les Français sont arrivés à COLLO, il existait 15 petits marabouts. L'un d'eux aujourd'hui disparu attenant à un cimetière était proche d'une tombe qui existait encore en 1859 et qui contenait les restes d'un pacha d'Alger Charkan Ibrahim mort en 1711. Venant de Constantinople pour gagner son nouveau domaine, il dut relâcher à COLLO par suite du mauvais temps et y mourut.
Sur le sommet du Gouffi, se trouve le marabout de Sidi-Achour qui a le don de faire pleuvoir.


A l'embouchure de l'oued Guebli, le marabout de Sidi ben Zouit existe encore. Celui de Sidi Mohamed Aourar à L'Ouest du cap Bougaroni, était le saint vénéré des matelots et des pilleurs d'épaves.
Les Indigènes, attachaient une lanterne entre les cornes d'une vache pendant la nuit et trompaient ainsi les navigateurs qui venaient dans sa direction et se perdaient sur les rochers.
En 1842, un navire italien le Falmar fut ainsi naufragé et son équipage prisonnier des Kabyles, ne fut délivré qu'après versement d'une rançon.

C'est à l'embouchure de l'oued Zhor que ce naufrage eut lieu. Cet oued aux eaux profondes et très fraîches a un affluent l'oued Abaïch où les Français conquérants trouvèrent des truites. Depuis, un administrateur de la Commune mixte de Chéria avait fait venir de jeunes truites de France et en avait peuplé une autre rivière, l'oued Idjguen non loin du centre d'exploitation d'El Ouloudj. On peut en trouver d'excellentes de nos jours encore.

Depuis 1830, COLLO vivait au ralenti. Ses habitants étaient dans la misère.
I,'arrivée des Français a complètement transformé le village qui est aujourd'hui très animé et très coquet.
Cela n'a pas été sans peine, car la conquête du pays a été longue et difficile.
Les alentours de PHILIPPEVILLE étant pacifiés le général Baraguay d'Hilliers décidait de soumettre les tribus farouches de la région de COLLO.
Trois colonnes partirent de PHILIPPEVILLE : l'une se dirigeait par la rive droite de l'oued Guebli, et les deux autres dans la direction des Beni Toufout.
Encerclés par nos troupes, les tribus se rendirent sans défense, mais les Beni Ouelbane se défendirent sérieusement.

Les Indigènes déterrant nos soldats pour les mutiler, le général, après les combats de l'oued Zadra ordonnait de brûler les cadavres. Le camp fut appelé Camp de l'Enfer.
Le 10 Avril 1843, le général Baraguay d'Hilliers se présentait devant COLLO, précédé par les habitants du village qui étaient venus à ses devants, avec des drapeaux. Dans le port était ancré un navire chargé de vivres pour les troupes.
La pacification du Cercle de PHILIPPEVILLE était terminée. Il y eut cependant de nombreux soubresauts.

En Mars 1846, le marabout Ben Bagheriche surnommé le Sultan de la montagne levait l'étendard de la révolte. Une colonne partie de PHILIPPEVILLE sur COLLO rétablissait l'ordre. Le général Bedeau la commandait.
En Mai 1849, un prétendu Chérif Mohamed ben Abdallah ben Yamina partait en guerre. Le général Herbillon fit une opération de police vers l'oued Guebli et réduisit les rebelles.
En 1858, une colonne après être parvenue à COLLO fût attaquée par les Achache qui s'emparèrent de la ville.
Les troupes abandonnant leurs chevaux durent s'embarquer pour regagner PHILIPPEVILLE pendant que le Caïd Saoudi avec 250 cavaliers se retirait sur Souk-El-Sebt, puis reprenait l'offensive à l'annonce de l'arrivée d'une colonne commandée par le général de Saint-Arnaud. La corvette à vapeur LE TITAN, mouillait en rade et bombardait les villages rebelles.

Le général de Saint-Arnaud, après de rudes combats, entrait à COLLO le 27 juillet, châtiant durement les insurgés.

Par quatre fois, nos troupes entraient ainsi à COLLO sans y laisser de garnison ; aussi les tribus Kabyles composées de pillards ne craignaient pas de recommencer leurs tristes exploits.
En Mai 1852, après le mouvement insurrectionnel des Beni Isahak, le général de Mac-Mahon, formant une colonne de 6 500 hommes, partait de Constantine, traversait toutes les montagnes et arrivait à COLLO.

La nouvelle de la révolte des tribus des Hanencha qui menaçait Aïn Beida et Bône ne lui permit pas de laisser des troupes et il rebroussait chemin, soutenant encore de rudes combats contre les tribus révoltées.
En 1856, un nouvel illuminé soulevait les tribus de la région de COLLO ; 6 000 réguliers arabes commandés par leurs Caïds furent réunis, et lancés contre les insurgés. Le 26 septembre ces goums prenaient la campagne et après 10 jours de lutte, le Caïd Saoudi obtenait leur soumission.

En Juin 1858, nouvelle agitation. 15 000 hectares furent incendiés dans la région de COLLO anéantissant plus de 80 000 arbres. Le général Gastu à la tête de 4 000 soldats, partit de Constantine séjournait à El Milia le 26 construisait le camp, puis le 22 Novembre arrivait à COLLO, sans laisser de garnison.
Aussi, en Mai 1860, le général Desvaux dut refaire la même campagne avec une colonne forte de 10 000 hommes châtiant sévèrement les insurgés.
Pendant dix années le calme règne.

— Collo —
— Collo —


La guerre de 1870 éclatait et nos troupes africaines étaient dirigées sur la Métropole. La nouvelle de nos désastres se répandit vite dans les montagnes.
Le mouvement insurrectionnel commençait le 14 Février 1870, par le pillage du camp et du village d'El Milia par les Ouled Aidoun et les Achache. Revenu à temps, le capitaine Sergent organisait la défense, repoussait les assaillants qui opéraient alors un blocus sérieux de la Place, coupant le fil télégraphique et la conduite d'eau.

La colonne de secours commandée par le général Pouget attaquée à El Ma el Abiod, continuait à progresser livrant de victorieux combats à Kaf R'orab et à Kaf Zerzour.
Une colonne partie de COLLO, grossie des contingents du Caïd Saoudi faisait sa jonction avec la précédente le 25 février à Medjez Zana et arrivait le 28 devant El Milia, sans avoir cessé de combattre les insurgés. Elle délivrait la courageuse garnison. 400 otages, 900 fusils furent retenus, mais les chefs s'étaient enfuis. Le calme revint pour peu de temps, car la révolte de Mokrani assisté du cheik des Rahmani El Haddad replongeait les douars de COLLO dans l'insurrection.

La garnison de COLLO, commandée par les capitaines Pont et Vidensang, appuyée par la frégate cuirassée la JEANNE D'ARC qui bombardait les villages arabes révoltés, ramenèrent le calme et la soumission. Les efforts conjugués des généraux Augéraud à Mila, du colonel Aubry et du capitaine Villot ; du général Saussier dans la région de Sétif, sont couronnés de succès, et les agitateurs Ben Fiala et Moula Chokfa se rendent au général de Lacroix.

La paix est définitivement assurée et depuis n'a jamais été troublée.

Au point de vue archéologique, COLLO n'a pas donné les résultats espérés par son passé opulent. Quelques vestiges romains ont été repérés, la mosquée en a utilisé quelques uns. Le fronton de la porte d'une annexe de ce monument est même formé par une pierre romaine dont l'inscription est placée à l'envers.
Des cantonniers avaient mis à jour, vers 1905, sur la route d'Aïn Zida, à 300 mètres de COLLO, des briques et quelques poteries funéraires.

Cela semblait indiquer l'emplacement d'une nécropole, et cette certitude fut vérifiée, l'année suivante par un colon M. Bocquillon qui, créant un verger, avait trouvé quelques tombes.
Intéressé par ces trouvailles, il continuait les fouilles et mettait à jour un certain nombre de sépultures, avec leurs ustensiles funéraires : des urnes, des vases, des lampes, des amphores, des verreries dont quelques uns étaient parfaitement conservés.
La forme de ces sépultures, en briques, recouvertes de dalles en poterie, permettent de fixer au IIe siècle leur ancienneté.

Cette nécropole est pauvre en vestiges intéressants. Il doit exister non loin, un autre cimetière plus important, comme le fait supposer la découverte au moment de la conquête de quelques sarcophages, dont l'un avait nettement les attributs de la foi chrétienne. Du reste, à 1 500 mètres à l'Ouest de COLLO à la côte 105 à l'endroit où ce dernier sarcophage a été trouvé, se situe l'emplacement très probable, d'une chapelle chrétienne de 24 mètres sur 14.

Les ruines disséminées sur le territoire de COLLO, permettent d'apprécier une fois de plus l'intelligence des conquérants romains.
Quelques débris environnent la petite ville ; mais n'ont aucune importance archéologique : A la Fontaine des sangliers et sur la montagne au-dessus, on remarque des vestiges de fortins ou de postes militaires surveillant la vallée.

A 1 000 mètres d'altitude au douar El Oudja, à 44 kilomètres de la ville, un poste romain en ruine démontre qu'une route existait alors, et que ce point culminant était occupé par un détachement de soldats. (C'est Heurta Designa) (Harla Disedma)
La maison forestière d'Aïn El Ksar édifiée à proximité, a été construite avec les pierres romaines.
Non loin de COLLO, au Djebel Koudial el Snad, MM. Gsell et Alquier ont identifié et fouillé en 1927 une soixantaine de tombeaux, mais la moisson de documents a été très maigre.
A part cette dernière exploration dirigée par des archéologues éminents, les recherches antérieures, ont été faites sans grand esprit de suite, de sorte que cette partie de l'histoire de COLLO est encore obscure.


Cependant en 1894, un officier, commandant la garnison, le capitaine Hélo, en employant la main d'œuvre militaire, avait pu pousser davantage ses recherches.
C'est lui qui découvrit la nécropole du Koudiat el Snad, et mit à jour 22 tombeaux. Il a de plus trouvé des urnes funéraires, à COLLO même, dans les fouilles faites pour les fondations de l'Église et de la Mairie.
Au Koudiat el Snad, près du port, la nécropole phénicienne, est formée de cavités dont quelques unes sont précédées de couloirs de 4 mètres de profondeur sur 3 mètres de hauteur et 2 mètres de largeur.
D'après M. Gsell, cette nécropole remonterait au IIIe, siècle avant J.C.
Ces cavités fouillées, n'ont donné aucun objet.
Dans cette nécropole phénicienne se trouvent aussi des tombeaux romains. Mais, tous ont été pillés par les habitants des environs.

Près de l'ancienne sardinerie Chauvin, on a découvert également les vestiges d'un therme, avec une mosaïque intéressante. Malheureusement un frêne considéré par les Indigènes comme MARABOUT (sacré) a poussé parmi ces ruines et il est impossible de procéder à des fouilles sans arracher cet arbre, les convictions religieuses des musulmans étant respectables.
Dans le quartier militaire, la cantine du détachement de Tirailleurs possède une fosse d'aisance dont le fond est une mosaïque ( sans doute une ancienne piscine de villa ).


A deux kilomètres de la ville aux sources d'Aïn el Kebira, M. l'abbé François a relevé des traces de mosaïques et près du port, non loin de la caserne, il existe une villa romaine, recouverte par gros temps par les vagues, et dont une pièce nettoyée du sable et du gravier qui la couvrent, renferme une très belle mosaïque.
Sur ce point, des fouilles pourront être continuées et donneront certainement d'excellents résultats.
Si l'hypothèse d'une destruction méthodique par le pic et le feu de la cité romaine, par les Vandales est à retenir, il n'en est pas moins certain que l'on doit retrouver en fouillant le sous sol de nombreuses mosaïques et des objets, instruments, pièces de monnaie, statuettes, qui ont pu échapper à la rage des démolisseurs.

C'est une œuvre de longue haleine et très coûteuse qui ne pourrait être réalisée à peu de frais que par l'apport et la collaboration de la main d'œuvre militaire.

On trouve en prenant la route de COLLO à Bessombourg, à 30 kilomètres, et à 908 mètres d'altitude des monuments mégalithiques.
A Souk el Youdi nécropole mégalithique de 26 dolmens entourés de cercles. A Ain Sour Eddi el Maalem, une trentaine de dolmens ont été découverts, une vingtaine sont bien conservés : quelques uns sont des cromlechs entourés de pierres circulaires. Au Nord du Bordj de Tamalous, à moins d'un kilomètre on voit vingt dolmens.

A 800 mètres au N.E. de la maison cantonnière d'El Ouara des dolmens renversés sont encore visibles, ainsi qu'à Rekebeb, sur la route de Tamalous à Aïn Kechen.

A 15 kilomètres de Sidi Mesrich, sur la rive gauche de l'oued Meraba, au lieu dit El Meraba ou Kherba du douar Beni Ouelbane, on remarque une vaste cité romaine : c'est CELTIANIS, qui n'a pas été fouillée sérieusement.
Shaw dans ses voyages en 1740, signale ces ruines qu'il dénomme MASARAH.
M. Masqueray qui l'a visitée, suppose que cette cité était un nœud de route de Cirta sur Chullu (COLLO) avec embranchement sur Milew (Mila) et sur Rusicade (PHILIPPEVILLE)
La nécropole se trouve à l'Est. Elle est parfaitement reconnaissable et mériterait d'être explorée scientifiquement.

COLLO est un chef lieu de canton. Son port est protégé des vents d'Ouest, du Nord-ouest et du Nord par la presqu'île de Djerba. C'est un des plus sûrs de la côte.
La population européenne est de 792 habitants, les musulmans sont au nombre de 3.733.
On peut arriver à COLLO soit par terre, soit par mer.
La société maritime Schiaffino assure un service régulier tous les 15 jours, et les balancelles à moteur font régulièrement plusieurs fois par semaine le trajet PHILIPPEVILLE à COLLO et retour.
Par terre, on arrive à COLLO par le chemin de G.C. n°6.
Trois services d'automobiles, comprenant des cars confortables, assurent la liaison quotidienne avec PHILIPPEVILLE et Constantine.

Un autre service automobile quotidien effectue le trajet de COLLO à la gare de Robertville, et transporte les dépêches et les voyageurs se rendant à Constantine.
Ces autobus s'arrêtent au Bordj de Tamalous et se rencontrent avec les cars de Djidjelli, de sorte que les communications avec cette dernière ville et El Milia sont faciles et rapides. Elles se continuent sur Bougie de la même façon.

Par le chemin de G.C. n° 39 de COLLO à El Milia, on s'enfonce dans des forêts de chênes d'une grande beauté, après avoir parcouru pendant une dizaine de kilomètres la plaine des Ouled Naïm.
On s'arrête au centre d'exploitation forestière d'El Ouloudj habité par le personnel européen de la Société des Sennadja, puis on continue par une route en lacet jusqu'au col du Melab, A 1.500 mètres d'El Ouloudj se trouvent les ruines d'un très important village romain qui n'a pas été exploré jusqu'à ce jour.

Prés du centre d'El Ouloudj, coule une rivière l'oued Idjguen peuplée de truites. On peut revenir par Chéraïa au point de départ, après avoir fait un circuit de cinquante kilomètres environ.
A COLLO il est intéressant de visiter la plage de la Baie des jeunes filles (Bahr Ennsa des arabes) qui se déroule à cent mètres du village.

— COLLO, la Baie des Jeunes Filles —
— COLLO, la Baie des Jeunes Filles —


C'est au fond de la baie que se dressent l'arbre et le rocher marabouts (qui permettent aux femmes indigènes d'avoir un enfant dans l'année après s'être baignées à leurs pieds.
La plage bien abritée des vents d'Ouest et du Nord a 800 mètres de longueur.
Du côté de PHILIPPEVILLE, se trouve l'immense plage de la baie de COLLO, longue de six kilomètres.
Elle prend naissance au lieu dit La Fontaine du Sanglier, lieu de réunion et de réjouissance de tous les habitants de COLLO, et va se terminer au marabout de Sidi ben Zouit, lieu de pèlerinage réputé dans les tribus indigènes de la région.

— La plage vue de la Fontaine des sangliers —
— La plage vue de la Fontaine des sangliers —

Enfin une promenade qu'on ne peut faire qu'à pieds est celle de la corniche de la presqu'île de la Djerda.
Cette presqu'île qui frappe les regards dès l'arrivée à COLLO est originale. Un chemin la ceinture et passe au pied du phare de COLLO ; la longueur du trajet est de 2 kilomètres.

La presqu'île abrite, les casernes, avec une compagnie de Sénégalais, l'Administration de la Commune mixte, la prison cantonale et la Justice de Paix..
COLLO possède deux Hôtels : l'Hôtel de France et l'Hôtel Giordano.
On pourra visiter l'Église Saint-André, la Mairie, la Mosquée, le monument aux morts dans un joli square, œuvre de l'architecte Aug. Giovannetti, l'Hôpital "Docteur Custaud", la mosquée Sidi Ali El Kebir, construite avec des colonnes de chapiteaux et des pierres romaines.

Quelques vestiges romains et phéniciens sans grand intérêt pour le touriste peuvent également être visités.
La région de COLLO est particulièrement riche en minerais.

Le marché de COLLO a lieu le Vendredi et rassemble un millier d'indigènes.
La commune mixte de COLLO est très vaste. Elle administre 60 000 Indigènes.
C'est la commune qui renferme les forêts de chênes-lièges les plus importantes de l'Algérie. On s'en rendra compte par la superficie des douars forestiers.
Beni Touffout 18 240 hectares ; Ouled-el-Hadj 8 000 hectares ; Oued Guebli 2 400 hectares ; Oued Oudina 3 450 hectares ; Beni Salah 2 850 hectares.


Certaines curiosités sont difficilement accessibles, mais elles doivent être signalées :
au douar Arb El Gouffi, au sommet du Pic El Gouffi à 1 100m d'altitude se dresse le marabout du vénéré El Gouffi, qui est un lieu de pèlerinage pour tous les habitants du douar.
Au douar Beni Ouelbène, sur l'un des sommets le plus élevé se trouve la mosquée de Sidi-Driss, marabout vénéré dans toute l'Afrique du Nord et surtout au Maroc.
Au douar BeniZid, on peut suivre l'oued BeniZid que l'un des premiers administrateurs de la Commune mixte avait peuplé de truites saumonées. On peut en pêcher, car elles sont en abondance.
Au douar Djezia coule l'oued Zour, l'unique rivière de l'Algérie où se trouvaient des truites. Au moment de la conquête, cette anomalie, pour un pays réputé chaud, avait frappé les premiers explorateurs qui le mentionnent dans leurs récits de voyage.

Au douar Tokla, au bord de la mer s'élève le marabout de Sidi-ben-Zouit.
Le pèlerinage annuel à ce marabout est un enchantement pour les yeux du touriste qui a la bonne fortune de se trouver dans cette région.
De toutes les parties les plus reculées des douars voisins, arrivent des caravanes de mulets et d'ânes, portant des femmes qui, ce jour-là, ont revêtu leurs plus beaux costumes. C'est une véritable féerie de couleurs.
On amène ainsi les femmes et les jeunes filles auprès du marabout où de grandes fêtes ont lieu.
C'est au bord de la plage que les maris plongent dans l'eau avec frénésie, leurs femmes stériles, en invoquant le Saint nom du marabout.
Ce bienheureux a, en effet, la spécialité de guérir la stérilité, et la baignade est d'autant plus vigoureuse que le mari est plus vieux.


On remarquera les immenses rangées de platanes ou de frênes qui ombragent sur certains points la route de PHILIPPEVILLE à COLLO, et donnent un cachet majestueux au paysage.
Les Arabes prétendent, que certains d'entre eux ont été plantés par les Romains. L'ampleur de leur tronc, l'épaisseur de leur ramure, la longueur et la hauteur de leurs branches attestent leur vieillesse.
Cette région de COLLO est souvent dévastée en été par de violents incendies qui détruisent les bois, mais les précautions prises et les travaux de défense effectuées par le Service des Eaux et Forêts ont pu limiter jusqu'à présent les désastres. Un service de garde (assès) est institué sur les points culminants afin d'alerter les tribus et permettre de combattre immédiatement les sinistres.


 

COLLO a été le siège d'un Bureau arabe, qui plus tard fut remplacé par une commune de plein exercice, COLLO-ville et par une commune mixte dont le siège était tout d'abord à Chéraïa, puis fut installé au Bordj de la Presqu'île.

Les différents officiers de l'Etat-Civil furent :


Gilbert PAILLOUX, capitaine au 4e Rgt de ligne.
Gervais Marie JAMMES, lieutenant au 20e Rgt de ligne.
Antaine PEYRET, lieutenant au 20e Rgt de ligne.
Pierre YON, lieutenant au 20e Rgt de ligne.
Jean GUERIN, lieutenant au 4e Rgt de ligne.
Jean-Joseph MOUGIN, capitaine au 63e Rgt de ligne.
Léopold CHATAIGNIER, capitaine au 4e Rgt de ligne.
Henri Jules MICHEL, sous-lieutenant au 3e Rgt de Tirailleurs Algériens.
Alexandre DELAHOGUE, capitaine au 3e Rgt de Tirailleurs Algériens.

Les registres de l'Etat-Civil sont ouverts en 1862 :


Le 27 décembre premier acte de décès : LECOINTRE Aristide Théodore, géomètre au service topographique 54 ans - témoins : le capitaine COUTEI.LE André, chef du Bureau arabe et TIXADOR Ferdinand, receveur des Douanes, 34 ans.
En 1863, cinq décès dont trois enfants : 5 octobre MARTINET Blaise, fusiller au 4e de ligne, décédé au camp et dans sa tente, âgé de 29 ans.
En 1864, trois décès dont celui de GILLE Léon, fusiller au 4e de ligne.
En 1869, 11 décès dont : le 1er mai, Joseph Théophile PACON, curé de COLLO, 32 ans et le 26 septembre, ZERBO François lieutenant de Vaisseau, chevalier de la Légion d'Honneur, commandant "L'Algérienne" décédé en rade de COLLO, et le 16 novembre MOUSTAFFA ben AMOUTHE, Instituteur de l'école arabe et française de COLLO, 36 ans.
En 1862 aucun mariage.
En 1863 premier mariage célébré : VALLIN Emile, terrassier et Jeanne DAMON.
Evènement Important, car les témoins sont : MILLON Edouard, receveur de Contributions, TIXADOR Ferdinand, receveur des Douanes, COUTELLE André, capitaine au 88e de ligne et QUINOT Jean Lieutenant au 3e Régiment de Spahis.
En 1864, le 9 janvier, MALTE JOSEPH épouse Marie LAPLACE.
En 1865 deux mariages : ROCIIE Jean et PEGULLO Laurence, GANGLOFF Joseph et Denise CHOMEIL.
En 1866, un seul, VIDAL Laurent, douanier et Grazzia Philomène dite Sollas SOLLAZZO.
En 1867, 9 mai, Eugène BLAIN, comptable à la Cie Besson Lecouturier, et Faustine VOLPI, demeurant à Bounagra.


M. BLAIN, adjoint au maire de PHILIPPEVILLE a rempli les fonctions de maire pendant toute la durée de la guerre.

 

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